Qu’est-ce qui détermine le caractère sexuel d’un être ? Personne n’est capable de le dire. Une femme peut incarner l’émission, le rayonnement, le don. Un homme, être réception, accueil, regard. La complétude existe en chaque genre. C’est, avant tout, une rencontre avec son intimité – pour la femme autant que pour l’homme. Dans la tradition kabbalistique, il est dit que le monde fut créé par retrait – Tsimtsoum – un vide fécond. Il en est de même pour notre propre corps. Prendre conscience des pôles, femelle et mâle, qui s’activent – parfois confusément – en chacun de nous, c’est commencer à se révéler à soi-même, afin d’approcher notre unité intérieure.
Dans la Kabbale, les vases d’énergie nommés Sefirot sont androgynes, porteurs à la fois d’émission et de réception. Dans un jeu de va-et-vient, en des mouvements incessants, ils s’unissent dans une quête d’équilibre subtil, inventant leur propre langue, mouvante et créative. Un dessin vivant sur une page blanche, qui s’effacerait inlassablement pour renaître à l’infini.
Dans l’union des corps aussi, un double mouvement s’instaure : libéré de toute forme, il se fait énergie pure, infinie. Chacun devient source, chacun devient réceptacle – et l’individualité s’efface.
Yesod – le Fondement – et Malkhout – la Royauté – représentent ensemble la perfection, où chacun se remplit de l’autre, en continu, et inversement. Alors la Lune-soleil se fond en Soleil-lune. Chacun fusionne le sexe de l’autre. L’union cesse d’être dualité, elle devient valse.
Peut-être qu’aucune vérité ne s’écrit dans la fixité. Peut-être que le chemin est avant tout uniquement passage. Le souffle qui circule entre les polarités. Le désir qui se mue en élan de communion.
C’est alors que Yesod et Malkhout s’embrasseraient, pour en former un troisième. Celui-ci pourrait être Tiferet – le Coeur – l’amour incarné.
Nous sommes toutes choses. Et rien à la fois. Non pas vides – mais vastes, en perpétuel devenir.