En mon souffle, s’harmonisent l’écoute et le rayonnement
Comme un équilibre, une complétude, ou encore une forme d’alternance entre mes pôles, je peux me sentir autant femme qu’homme. La Kabbale, dans une lecture poétique et symbolique, nous enseigne que l’âme porte en elle ce qui dépasse les catégories strictes : elle est à la fois masculine, féminine, et androgynée – un troisième sexe, une unité originelle en mouvement perpétuel vers une totalité plus large. Je suis une femme. Mais je suis aussi l’homme intérieur que je porte. En moi, la rigueur danse avec la tendresse – Maboté
Une âme humaine est substantiellement masculine et féminine à la fois – Charles Mopsik, Le sexe des âmes
Selon Charles Mopsik – philosophe, traducteur et spécialiste majeur de la Kabbale en langue française – l’âme humaine, avant son incarnation, n’est pas marquée par un sexe biologique. Elle contient en elle des qualités masculines et féminines, qui se manifesteront différemment selon les besoins de son Tikkoun, c’est-à-dire la réparation intérieure de son histoire. Dans la tradition kabbalistique :
• Une âme peut s’incarner dans un corps d’homme ou de femme, selon ce qu’elle vient transformer.
• Une femme peut porter une âme masculine, et inversement.
• L’âme est aussi androgynée, ce troisième sexe originel qui incarne l’unité et la complétude.
• Le genre devient alors une mission spirituelle temporaire, un vêtement de lumière traversé par l’épreuve de la matière.
Une âme masculine peut venir s’incarner dans un corps de femme, et vice versa … ce qui importe, c’est ce que cette âme vient réparer – Charles Mopsik, Le sexe des âmes
L’Arbre des polarités : une géométrie vivante
L’Arbre de Vie (Etz Ha’Haïm) est structuré par l’alternance des pôles masculin et féminin. Chaque séphirah (émanation divine) porte en elle une énergie de jaillissement ou de réception – mais aucune ne se réduit à l’un ou à l’autre.
À droite : Hokhmah, Hessed, Netzah – Sagesse fulgurante, don, endurance.
À gauche : Binah, Guevourah, Hod – Intelligence profonde, rigueur, résonance.
Au centre : Tiféret, Yesod, Malkhout – Lieux d’union, de passage, de réconciliation.
L’enjeu : réconcilier les opposés, unir les pôles, faire danser le féminin et le masculin à l’intérieur de soi. Afin que Yesod et Malkhout constituent l’unité parfaite.
L’androgynie originelle de l’âme est une structure cachée qui demande à être réveillée – Charles Mopsik
Au-delà du corps : une danse d’énergies
Être homme ou femme ne se réduit pas à un corps ni à un rôle social figé. C’est une danse subtile de rythmes – la puissance d’émission et la puissance de réception – qui s’entrelacent en nous. La réception n’est pas passivité, mais une ouverture active, un accueil profond, parfois même une force qui laisse passer la lumière divine. L’émission est ce jaillissement, cette force créatrice et rayonnante. Dans la Kabbale, ces polarités ne sont jamais figées. Elles sont mouvantes, parfois féminines, parfois masculines, parfois les deux à la fois. L’âme originelle est androgyne, une unité vivante qui cherche à s’harmoniser, à se réconcilier avec elle-même. Ce voyage intérieur invite à transcender les oppositions rigides.
Des femmes kabbalistes dans l’histoire et aujourd’hui
Si la transmission kabbalistique a longtemps été majoritairement masculine, plusieurs femmes ont marqué cette tradition mystique par leur sagesse et leur enseignement :
• Héloïse d’Argenteuil (XIIe siècle), célèbre philosophe et abbesse, qui s’est intéressée aux mystères divins.
• Sara de Saint-Laurent (XVIe siècle), figure mystique juive souvent citée pour sa connaissance des textes kabbalistiques.
• Nechama Leibowitz (XXe siècle), grande enseignante de la Torah et des textes mystiques, qui a rendu la Kabbale accessible à de nombreuses femmes.
• Plus récemment, des femmes comme Esther Aziza ou Tamar Elad-Appelbaum contribuent à faire vivre la Kabbale dans une perspective féminine et contemporaine.
La Shekhinah, présence divine féminine, incarne cette énergie sacrée et maternelle, toujours présente, qui cherche à être reconnue et honorée.
L’union avec l’autre n’est féconde que si l’on s’est d’abord rencontré soi-même dans ses deux moitiés – Charles Mopsik
Un Tikkoun d’âme
Ce carnet est une offrande. À toutes celles et ceux qui qui n’ont jamais su comment se dire : « Tu n’es pas né.e dans le mauvais corps. Tu es une âme en voyage. Et ce corps est ton habit du jour. Sois doux avec lui. Écoute ce qu’il murmure du Ciel ». Chaque âme est en quête de cette paix profonde, de cette unité en mouvement.
Charles Mopsik, par son travail exigeant, nous laisse en héritage une voix subtile, à la fois rigoureuse et vibrante. Pour faire entendre une vérité oubliée : celle d’une âme sans frontière fixe, en mouvement, en réconciliation. C’est à ce souffle intérieur, à cette paix silencieuse entre les pôles, que ce carnet rend hommage.

