(De cœur à cœur, sans les mots)
Il y a une femme qui masse ici
Ce n’est pas la première fois qu’elle vient. Elle est ponctuelle, délicate, discrète, avec un air juvénile que je reconnais. Elle se dit très fatiguée. Je l’ai massée ce soir, avec présence et ressenti. Lorsque le soin devient, sans s’annoncer, une thérapie silencieuse. Je reconnais ce moment-là. Il m’est familier. Le corps parle. Les mains s’animent. Une danse invisible se tisse. Une énergie dans l’air nous porte. Une connexion s’établit. Des messages passent.
Alors, les chattes sont apparues. Uria, la première. Elle a miaulé autour de la table de massage. Puis Uka – plus craintive – a glissé sa patte à la porte, avant de s’approcher sans bruit. Et là, une phrase a résonné : Il y a une femme qui masse ici. Comme une présence qui filtre dans les murs de la pièce. Une rencontre entre les mondes.
During a treatment, another world may open. Do not try to understand it, just bow to it – Shogo Mochizuki
Au Japon, on nomme cela Ishin Denshin : la transmission de cœur à cœur, sans le détour des mots, sans volonté de comprendre. Un principe ancien, où l’intuition précède la parole, où l’on devine ce que l’autre ressent, dans un silence habité. Ce n’est pas une technique. C’est un état. Une écoute profonde. Une offrande. Une résonance. Shogo, à voix basse, dans les formations avancées, le dit ainsi :“During a treatment, another world may open. Do not try to understand it — just bow to it.” C’est une phrase emblématique de sa transmission. Elle exprime ce moment où le soin bascule dans une autre dimension : celle du sacré, de l’invisible, de la résonance silencieuse entre deux êtres aussi. Je le vis comme un accompagnement. Un relais. Afin que cette femme – et d’autres – retrouvent, avec confiance, leur place. Leur verticalité.